Les premiers morts du conflit
Premières victimes
Il est courant de faire démarrer l’origine du conflit au jour de l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914. Nous pouvons admettre que les premiers morts de celle que l’on appela la Grande-Guerre, furent les victimes de cet attentat.
L’archiduc héritier de l’Empire Austro-Hongrois avait décidé de faire une visite d’inspection en cette ville de Serbie où il s’exposait à des attentats de la part d’opposants séparatistes.
Une autre imprudence fut de décider de défiler dans les rues de la ville !
Une bombe explosa sur le chemin de l’Hôtel de ville où il était attendu. Celle-ci fit des victimes parmi la suite princière mais n’atteignit pas l’archiduc. L’Histoire ne retint pas ces victimes comme étant les premières du conflit.
Seul l’assassinat ce dimanche 28 juin 1914 de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et son épouse la duchesse de Hohenberg, née Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin en font les 2 premières victimes de la première Guerre Mondiale.
Le jeune auteur de l’attentat, le nationaliste serbe du groupe Jeune Bosnie, Gavrilo Princip, armé par une société secrète soutenue par les services secrets serbes : La Main Noire ne pouvait deviner que son geste allait entraîner la mort de plus de 10 millions d’Êtres Humains.
Jean Jaurès, première victime civile en France
En France, c’est l’assassinat de Jean Jaurès le vendredi 31 juillet à 21h40 à la terrasse du café « Le croissant » qui fait du tribun la première victime civile du conflit.
Son assassin Raoul Villain sera acquitté au lendemain de la guerre et finira fusillé à Ibiza en 1936 durant la guerre d’Espagne.
Premiers militaires morts lors de ce conflit
Les premiers morts du conflit ont créé, à leur insu, une petite polémique. En effet, on cite communément les noms du caporal Jules André Peugeot, côté français et le sous-lieutenant Albert Mayer, côté allemand comme premières victimes militaires de la première guerre Mondiale.
De nombreux sites racontent avec talent et précision, leur rencontre et leur fin fatale.
D’autres engagent la polémique en signalant que ces 2 soldats se sont entretués à Joncherey dans le Territoire de Belfort, le 02 août, alors que la déclaration de la guerre date du 03 août ! Ils seraient donc morts hors conflit !
2 sites alimentent bien la polémique avec des intervenants brillants et surtout plus ou moins virulents !
Les liens suivants permettent de vous en rendre compte !
Biographie de Jules-André Peugeot sur grande-guerre.org
A la rescousse du caporal Peugeot sur le blog de Christophe Grudler
Nous ne sommes pas opposés à la controverse, bien au contraire !
Mais la polémique porte aussi sur le prénom de ce pauvre Mayer ! Camille ou Albert ? Son lieu de naissance serait Magdebourg en Saxe-Anhalt.
Il y serait né le 24 avril 1892. On signale sa présence, sous le prénom de Camille, en Alsace car ses parents étaient venus s’installer près de Mulhouse peu après sa naissance. Le prénom de Camille pour le soldat Mayer semble être une confusion courante.
Cette controverse légitime ou pas, rend donc éligibles comme premiers morts du conflit, côté allemand le chasseur Paul Grün, mort le 2 août 1914 à Krzepice en Pologne et serait, ce qui relance la polémique, 1 heure avant Albert Mayer.
La mort de Paul Grün ne résout en rien le problème car la mort de cette malheureuse victime serait intervenue une heure avant celle d’Albert Mayer donc hors conflit également !
Laissons-là, le problème côté allemand et intéressons-nous au premier mort Français après le début du conflit.
On retient alors le nom de Fortuné Emile Pouget mort le 4 août 1914 à 12 h 15.
Il apparaitrait donc que le premier soldat tué par une balle allemande lors de la guerre est le chasseur à cheval de 2de classe, du 12ème régiment, Fortuné Emile Pouget. Né à Paris le 2 mai 1893, il est de garde à la frontière, près de Bouxières sous Froidmont (Meurthe-et-Moselle), au signal de Vittonville, lorsqu’il est tué à 12 h 15 le 4 août 1914.
Voyons le récit trouvé sur le site de la commune de Blâmont (54)
On notera cependant (le chef de corps de l’unité) qu’il ignorait encore que la guerre avait été déclarée à la France par l’Allemagne le 3 août (car si dans la cas du 44ème RI, on lit dans le journal de marche « 3 août : […] à 22 heures, le colonel est averti par la Division que l’ambassadeur d’Allemagne a demandé ses passeports et que par suite l’état de guerre existe entre la France et l’Allemagne », le journal du 12ème chasseurs n’indique qu’au « 5 août […] le 12ème chasseurs apprend à 4 heures que la guerre est décrétée. »)
Le journal de marches et opérations du 12ème régiment indique :
« 4 août […] Mort du trompette Pouget. Le trompette, du 1er escadron, qui tenait garnison à Pont-à-Mousson, a été tué net d’une balle dans la tête, entrée au-dessus de l’oreille droite et sortie par le fond du crâne, dans les circonstances suivantes. Il faisait partie d’un poste de surveillance envoyé à Bouxières-sous-Froidmont. Le gros de ce poste était dans les bois, vers la côte 396, avec des vedettes en lisière du bois, surveillant la route de Lorry à Bouxières et une autre vedette double surveillant la crête du signal de Vittonville. C’est à ce dernier poste que Pouget a été tué à midi 15. Le chasseur Enjalrie était au côté du trompette Pouget.
Toute la matinée, ces postes de vedettes avaient vu des patrouilles de cavaliers ou de fantassins allemands qui ne leur avaient rien dit. Il n’avait donc aucune raison de se méfier de l’arrivée d’une patrouille de 8 hommes à midi 15, qui l’a tué sans provocation et sans motif. A ce moment, ni d’un côté, ni de l’autre, la frontière n’était franchie.
Les chasseurs du poste de Bouxières ont été empêchés de relever le corps de leur camarade par les coups de fusil de la patrouille allemande : une voiture de la croix-rouge envoyée de Pont-à-Mousson l’a ramené dans la soirée.
5 août. Limey. Le 12e chasseurs apprend à 4 heures que la guerre est décrétée.
Le chasseur Pouget est enterré à Pont-à-Mousson en présence de toute la population. Le capitaine Quesnel commandant le 1er escadron lit sur la tombe l’ordre du colonel :
« Le trompette Pouget est mort au champ d’honneur hier vers midi près du signal de Vittonville. Saluons avec émotion la première victime de la guerre. Il a été tué sur le territoire français, avant la déclaration de la guerre, sans que les hostilités aient commencé, sans que rien ait pu motiver l’ouverture du feu par les Allemands. C’est un assassinat ! Nous nous en souviendrons. Pouget sera vengé. Haut les coeurs ! Chasseurs ! Et pointons au corps. »
Source : Documents de la Commune de Balmont
Hors de la polémique, Jules André Peugeot ou Fortuné Emile Pouget sont donc les 2 premiers soldats…
Morts pour la France !
Ces querelles n’ont pas court ni en Belgique ni en Grande-Bretagne où les premières victimes du conflit sont clairement identifiées. Notamment côté Britannique où ironie, au cimetière de Saint-Symphorien sont enterrés face à face le premier et le dernier mort anglais de la guerre 14-18.
John Parr, originaire du nord de Londres, du 4e Bataillon du Middlesex Regiment, a été le premier soldat britannique tué, alors qu’il était âgé de 17 ans. Il tombe le 21 août près de Mons, à Oburg vraisemblablement.
Private George Ellison mort le 11 novembre 1918 a été le dernier soldat britannique tué lors du conflit à l’âge de 26 ans.
Il est inhumé également près du dernier homme mort dans ce combat du Commonwealth (et probablement de tous les combattants), le Soldat George Lawrence Price, du 28e Bataillon d’infanterie canadienne (Saskatchewan Regiment). Le Soldat Price avait 25 ans lorsqu’il a été tué à 10 h 58, le 11 novembre 1918, jour de l’armistice, près de Ville-sur-Haine, en Belgique, deux minutes avant l’entrée en vigueur prévue du cessez-le-feu. Le Soldat Price venait de Port Williams dans le comté de Kings, en Nouvelle-Écosse.
Côté Belge, c’est le 04 août 1914 à 10h30 à Thimister-Clermont que l’on trouve le premier soldat tué. Trois cavaliers de l’armée belge, chargés d’une mission de renseignements, approchent des premières troupes allemandes. L’un d’eux, le cavalier Fonck, est surpris par la présence de militaires cyclistes qu’il n’a pas vus. L’un d’eux tire et abat le cheval. Le cavalier Antoine Fonck, un Verviétois de 21 ans, a peut-être répliqué et tué un Allemand. En tout cas, dans les secondes qui suivent, il sera le premier soldat belge mort dans cette guerre. Un monument indique l’endroit où il fut retrouvé.
source : Commémorations 14-18: voici le film de ce 4 août 1914 – Eddy Przybylski – journal DH.be
Nous reviendrons sur quelques portraits de morts représentatifs durant les mois prochains au gré des articles paraissant.
Les premiers morts du 33ème R.I.
Il n’existe dans l’état actuel de développement du site aucune information mentionnant de décès de soldat dans le régiment entre le début du conflit et les premiers combats de Dinant du 15 août 1914.
La première victime intervient donc lors de cet affrontement. Par contre, lors de ces violents combats, on va dénombrer pour le 33ème, en une seule journée, 605 tués. Le régiment comptait alors un effectif de 3400 hommes.
Lors de la constitution du site, nous avons eu pour ambition de pouvoir établir des listes complètes des soldats ayant pris part au conflit et des victimes du conflit, militaires et civils. Dresser de telles listes demande du temps et des recoupements d’information.
Actuellement, on a recensé autour du nombre de 3000, l’ensemble des pertes du 33ème R.I durant le conflit. Et doivent s’y ajouter les 1500 noms des pertes subies par le 233éme R.I, régiment de réserve du 33ème durant le conflit.
Il est malheureusement impossible de connaître l’identité du premier soldat tombé au combat ce 15 août 1914 par contre, en ce qui concerne les officiers, 2 noms peuvent être retenus comme probables candidats à ce triste privilège.
Lors de l’assaut de la citadelle de Dinant, ce furent les 10ème et 12ème compagnies qui partirent les premières à l’assaut. Parmi les victimes,on relève les noms de ces 2 officiers, les premiers du 33ème à être tombés au combat.
Le Capitaine Maurice Félicien Carton né le 6 septembre 1876 à Bergues dans le Nord. Ancien engagé volontaire, il intègre Saint-Cyr le 27 octobre 1895 et nommé comme officier de réserve le 27 octobre 1998. Et au gré des promotions, sera promu et affecté capitaine de réserve au 33éme R.I le 25 décembre 1911. Il rejoint son unité au début du conflit à 38 ans. Et trouve la mort le 15 août 1914.
Le Lieutenant Paul Maurice Hubert né le 13 juin 1882 à Eu en Seine Inférieure actuellement Seine Maritime. Maurice Hubert, entré à Saint-Cyr le 27 octobre 1903, sera promu et incorporé sous-lieutenant le 9 septembre 1905 au 33ème R.I et nommé lieutenant le 1er 1907. Tombé à Dinant le 15 août 1914, sera élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur par décret le 23 juin 1920, avec ces commentaires : « Le lieutenant Hubert, vaillant officier très dévoué et très brave. A été tué un modèle de courage et de sang-froid au combat de Dinant le 15 août 1914. Avait reçu l’ordre de faire replier sa section de mitrailleurs. Est resté jusqu’à ce que son dernier homme fut à l’abri. »