L’année 1915
Rappel : Le 33ème, Régiment d’Infanterie fait partie de :
- La Vème armée de l’Armée de terre
- Le 1er Corps d’armée
- La 2ème Division
- La 3ème Brigade
- La 2ème Division
- Le 1er Corps d’armée
Introduction
Le 33ème Régiment d’Infanterie va débuter 1915 alors qu’il est mis à disposition de la IVème Armée du Général Langle de Cary depuis quelques semaines déjà.
Le 33ème R.I du 1er Corps d’Armée (et de la 5ème Armée) va combattre auprès du 17ème Corps d’Armée (de la 4ème Armée).
Pour comprendre les évènements qui vont être décris ci-après, il faut expliquer la situation du 33ème R.I au sein de la 4ème Armée du Général Langle de Cary. Or ce 17ème Corps d’Armée est composé des 33ème et 34ème Divisions d’Infanterie d’où parfois des confusions dans le récit entre 33ème R.I et 33ème D.I.
Voici un petit tableau récapitulatif :
À la mobilisation, la 33e division d’infanterie (avec la 34ème D.I) compose le 17e corps d’armée de la 4e armée française.
la 33e division d’infanterie est composée des :
- 65e Brigade :
- 7e régiment d’infanterie
- 9e régiment d’infanterie
- 66e Brigade :
- 11e régiment d’infanterie
- 20e régiment d’infanterie
À la mobilisation, le 33e Régiment d’Infanterie fait partie du 1er corps d’armée de la 5e armée française.
1er Corps d’Armée
- 1re Division d’Infanterie
- 1re Brigade d’Infanterie
- 2e Brigade d’Infanterie
- 2e Division d’Infanterie
- 3e Brigade d’Infanterie
- 4e Brigade d’Infanterie
Avant d’aborder 1915, Un petit retour en arrière s’impose !
Le 33ème participe à la 1ère Bataille de Champagne
La première bataille de Champagne est une offensive des armées françaises contre les armées allemandes en région Champagne lors de la Première Guerre mondiale. L’offensive commence le 14 décembre 1914 et se poursuit jusqu’au 17 mars 1915.
1ère phase : Attaque initiale
Voir Cartes 1 et 2
Le 20 décembre 1914, le Commandant de la IVème Armée, le Général Langle de Cary en accord avec le Général Joffre décide de passer à l’offensive en attaquant les Allemands sur ce qui semble être un point faible dans son dispositif.
L’effort va donc porter sur le secteur Souain-Massiges.
Constat qui a été fait d’après les observations aériennes.
Fin 1914 va voir dorénavant entrer l’aviation de manière définitive dans la conduite de la guerre que l’on appelle « moderne ».
Pour la IVème Armée, l’offensive principale commence donc le 20 décembre sur le front du 17e corps, les 33ème et 34ème divisions d’infanterie, et du Corps Colonial. Les 1er et 2ème C.A viendront s’intercaler entre les deux.
Après un tir d’artillerie dont les résultats paraissent efficaces, l’attaque (par le 17e C.A et le Corps Colonial) se fait sur le Bois Jaune, sur le saillant des Tranchées Brunes et sur le Bois des Bouleaux.
Ces attaques, fortes chacune d’un bataillon, réussissent à atteindre les réseaux de fil de fer ennemis. Mais, les brèches étant insuffisantes, elles ne poussent pas plus avant et les troupes se maintiennent sur une ligne passant par le Bois des Bouleaux, la lisière nord-ouest du Bois des Allemands et au sud du Bois des Moutons et du Bois Jaune.
Modifiant ses projets primitifs, Langle de Cary décide entre le 20 et le 25 décembre de réduire le front et faire son effort principal entre Perthes et Massiges dans la zone occupée par le 17e corps et le corps colonial.
Il juge en outre le moment favorable pour engager une partie des réserves d’armée.
A cet effet, le front du 17e corps d’armée sera resserré vers la gauche, celui du corps colonial sur sa droite, et une division d’infanterie du Ier corps, (celui du 33ème) d’armée entrera en ligne entre le 17e corps d’armée et le corps colonial.
Bien que le général Langle de Cary désirât ne laisser à l’ennemi aucun répit, les actions d’infanterie vont être suspendues pendant plusieurs jours par suite des relèves à effectuer pour permettre à d’autres divisions de venir s’intercaler.
2ème phase : Déplacement de l’action principale vers la droite. Entrée en ligne du 1er corps.
Modifiant ses projets primitifs, après cet assaut allemand du 25 décembre, il juge le moment favorable pour engager une partie des réserves d’armée.
Or, le 27 décembre, il fait ce bilan :
Il y aura « huit jours que le 17e corps combat. Les troupes qui ont donné jusqu’ici sans compter avec un entrain admirable, sont prêtes à faire le suprême effort; mais à ce moment, elles seront épuisées et impuissantes à exploiter le résultat de leurs attaques. »
D’où l’engagement Le 29 décembre de la 3ème brigade, 33ème en tête, qui doit prendre un dispositif de rassemblement articulé ! Dont on peut lire le compte-rendu dans : Historique du 33e R.I. (anonyme, Imprimerie J. Dumoulin, Paris, 1920) numérisé par Daniel Crozat.
Le rassemblement articulé est un dispositif dans lequel les éléments sont échelonnés en largeur et en profondeur, à la demande de la situation tactique, dans des conditions leur permettant à la fois d’utiliser le terrain, de se mouvoir avec ordre et de passer rapidement au déploiement en vue du combat.
A proximité immédiate de l’ennemi, la formation de rassemblement articulé peut aussi être prise par la division tout entière en partant du stationnement.
Le 29 décembre, la 3e brigade doit prendre un dispositif de rassemblement articulé, 33e en tête, le 2e bataillon au sud-ouest de l’église de Mesnil-les-Hurlus (abris Balbedas). Le colonel Claudel fait reconnaître les brèches du réseau de la crête pour être en mesure de descendre dans Hurlus et s’appuyer aux fractions du 18e C. A. La crête est franchie à l’ouest du chemin à un trait conduisant à la sortie est d’Hurlus (en première ligne : 3e et 2e bataillons, la droite du 2e bataillon appuyée au chemin). Les bataillons enlevèrent les parties est et nord d’Hurlus, malgré un feu violent d’artillerie. La marche est superbe, comme à la manœuvre. A seize heures, le 33e a atteint la lisière nord-ouest du village et les abords de la tranchée 6; à vingt heures, laissant le 1er bataillon aux abris « Balbedas », il va cantonner à Wargemoulin.
Historique du 33e R.I. (anonyme, Imprimerie J. Dumoulin, Paris, 1920) numérisé par Daniel Crozat.
A Hurlus et Mesnil-les-Hurlus les 29 et 30 décembre les pertes estimées sont :
- Tués : 7
- Blessés : 34
- Disparus : 9
La situation du 33ème R.I au début 1915
Organisation du Régiment
Le Chef de Corps au 1er Août 1914 est le Lieutenant-Colonel Jean-Paul Stirn.
Il a pour commandant en second le Lieutenant-colonel Grandjean.
Le capitaine Badel est son capitaine-adjudant-major (Officier Adjoint).
Noms d’Officiers en place dans les 3 Bataillons
En 1914, au début du conflit, l’Organisation du Régiment est la suivante :
Sont écrits en Rouge, les Officiers morts (en Italique pour les morts) ou disparus en fin 1914.
En vert, les Officiers blessés et évacués.
- 1er Bataillon : Commandant Verwaerde
- 1ère cie : Capitaine Lapertot
- 2ème cie : Capitaine Grard
- 3ème cie : Capitaine Robert, Sous-Lieutenant Corbeil
- 4ème cie : Capitaine Vautrain, Lt de Marenches, Sous-Lieutenant Desmoulins
- Ière section mitailleuses: Lt Hubert
- 2ème Bataillon : Commandant Momenteau
- 5ème cie : Capitaine Dezeustre
- 6ème cie : Capitaine Cary
- 7ème cie : Capitaine Baggio, Lieutenant Castaigne
- 8ème cie : Capitaine Saliceti
- 2ème section mitrailleuses
- 3ème Bataillon : Commandant Grasse
- 9ème cie : Capitaine Charrue
- 10ème cie : Capitaine Carton, Lt Dessaint, Sous-Lieutenant Allart
- 11ème cie : Capitaine Maës, Lt Charles de Gaulle
- 12ème Cie : Capitaine Bataille, Lt Thuillier, Sous-Lieutenant Pichon
- 3ème section mitailleuses : Lt. Dion
- Abbé Vittel, Aumônier du Régiment
Le Colonel Stirn quitte le Régiment le 13 novembre. Le Commandant Batbedat assure l’intérim de la fonction avant l’arrivée du nouveau Chef de Corps (le16 novembre).
Le 16 novembre le Lieutenant-Colonel Lefort blessé à Dinan et ex-chef d’Etat-Major de la division prend le commandement du régiment.
Le 4 décembre un nouveau colonel, un colonial de 43 ans, le Colonel Claudel prendra le commandement du Régiment.
Le 10 janvier, il sera remplacé par le Lieutenant-Colonel Boud’hors.
Le Chef de Corps au 1er Janvier 1915 est le Colonel Claudel.
Le Régiment se reconstitue, beaucoup de Commandants de Bataillons, de Capitaines à la tête des 12 Compagnies vont changer après les campagnes de 1914.
- Le Commandant Batbedat sera remplacé à la tête du 1er Bataillon par le Capitaine Carré (fait fonction)
- Le Commandant Momenteau sera remplacé à la tête du 2ème Bataillon par le Commandant De Bruignac
- Le Commandant Marquis sera remplacé à la tête du 3ème Bataillon par le Capitaine Charue (fait fonction)
- Le père Havrais remplace l’Abbé Vittel, qui fut blessé comme Aumônier du Régiment en fin 1914.
Les remplacements futurs seront signalés en cours de récit, comme le Lieutenant de Gaulle promu Capitaine à la tête de la 10ème Compagnie.
Le Lieutenant de Gaulle est promu à titre provisoire au grade de capitaine à compter de ce jour : le 10 février 1915.
Au 1er Janvier 1915
Les huit jours qui suivront l’attaque sur Hurlus, donc du 31 décembre 1914 au 08 janvier 1915, seront employés à l’aménagement du terrain et à des reconnaissances en prévision d’une attaque prochaine.
Le 06 janvier 1915, le Régiment reçoit un 6ème Renfort de 4 officiers, 1 commandant de Bataillon, 1 lieutenant et 2 sous-lieutenants et 300 hommes.
Alors que les Régiments s’organisent, la seconde réaction ennemie a lieu sur le front de la 34ème division, dans la nuit du 7 au 8 janvier, vers 23 heures.
Après un violent bombardement qui a duré toute la journée du 7, les Allemands attaquent le saillant de la cote 200, à l’ouest de Perthes, et s’en emparent (carte 3).
Toutes les tentatives faites jusqu’au jour, pour le reprendre, échouent ; mais le 8, vers 13 heures, après une nouvelle préparation d’artillerie, la 67e brigade réussit à reconquérir les tranchées abandonnées dans la nuit, ainsi qu’une large portion du saillant.
A droite, la 68e brigade, profitant de ce mouvement en avant, prend possession des tranchées descendant vers Perthes et s’empare du village dans la soirée, tandis que ses éléments avancés continuent à progresser vers le nord (67e et 68e brigades forment la 34ème Division d’Infanterie du 17ème Corps d’Armée).
Rôle du 33ème R.I.
Le 8 janvier à 18h, le régiment reçoit du Général commandant la 33ème D.I, l’ordre téléphonique :
« D’avoir à exécuter le lendemain matin une attaque projetée sur la portion de tranchée allemande dite : « Tranchée Blanche » qui s’étend à l’est du boyau commun franco-allemand situé à l’extrémité est des Tranchées Brunes. »
Départ à 20 heures. Itinéraire : Wargemoulin, bois Molandin Mesnil-les-Hurlus – Tranchée n°6 Bois des Moutons.
En ce point, le Régiment prend les dispositions suivantes :
- Le 2ème Bataillon du Commandant de Bruignac de se positionner à l’intérieur et au sud du boyau, en prolongement est des Tranchées Brunes. (Cartes 3 et 4)
- Le 3ème Bataillon du 33ème du Commandant Marquis entre le Bois Jaune et le Bois des Moutons. (Cartes 1 et 5)
- Le 1er Bataillon du Capitaine Carré, restant en réserve au Nord-ouest de Mesnil-les-Hurlus.
- Les sections de mitrailleuses 2 et 3, positionnées à la corne Nord-Est du Bois Jaune ; Le P.C du commandement se positionnant dans la tranchée n°6 des Tranchées Brunes.
L’ordre d’attaque portait que le 2ème Bataillon du 33ème avec une section du génie (une ½ Cie du Lt Morizot) devait attaquer sur le front et à l’extrémité Est des Tranchées Brunes.
Si Le 2ème Bataillon prenait pied dans la tranchée ennemie, le 3ème Bataillon devrait l’appuyer en attaquant à sa droite. L’attaque étant soutenue par le feu des mitrailleuses.
Les tranchées sont appelées par un nom global pour un secteur, ici les Tranchées Brunes.
Un boyau étant une voie de communication entre 2 tranchées (Un boyau n’est pas forcément un ouvrage plus petit qu’une tranchée) Les boyaux et les tranchées ont soit un nom, soit un numéro pour les désigner.
Ici on parle souvent de la tranchée 6 qui est un excellent poste d’observation au sud des bois Moutons et Lorrain voir au 16 février et la reproduction : Extrait du J.M.O de la 3ème Brigade.
(Dans ce récit on parle de Bois Laurin ou Bois Lorrain qui sont 2 orthographes différentes pour un même lieu, voir cartes 5 et 7 tout comme Bois Jaune et Bois Jaune-Brûlé).
Elle devait commencer aussitôt terminé le feu d’efficacité de l’artillerie.
L’heure de la fin fixée d’abord à 7h fut reporté à 7h06 puis à 7h11.
Alors débutent des heures et des journées de combats confus et indécis que nous allons essayer (assez difficilement et parfois confusément, comme l’ont vécu les soldats de l’époque) de relater dans les lignes qui suivent :
Le 09 janvier 1915
A 6h45, débute le tir de l’artillerie. Les 1ers coups tombent sur l’extrémité Est des Tranchées Brunes où les fractions du 2ème Bataillon du 33ème coincées par les éléments du 7ème Régiment arrivaient à peine à pied d’œuvre.
Les éléments en place de la moitié de la 5ème compagnie et la 6ème compagnie du 33ème R.I éprouvent des pertes et de ce fait se portent en avant.
Ils gagnent un élément de tranchée avancée.
Mais à ce moment, l’ennemi reprend l’offensive.
Des flanquements d’infanterie, de mitrailleuses et de canon se démasquent en même temps que l’artillerie lourde allemande exécute un feu très précis et violent de barrage sur les lisières nord des Bois Jaune, Lorrain et des Moutons.
Les éléments des 6ème et 5ème compagnies sont décimés et l’action des flanquements empêche tout mouvement pour les rejoindre.
Le sous-lieutenant de Génie Morisot tente de pratiquer un boyau à l’extrémité Nord du boyau commun pour relier la Tranchée Brune aux fractions avancées. Il est tué et son travail n’est pas terminé à temps.
A ce moment, les Tranchées Brunes, partie Est, le boyau Bois Mouton au centre des Tranchées Brunes est rempli d’éléments du 2ème Bataillon du 33ème, du 9ème Rgt, du 7ème Rgt.
Le tout sous un feu d’artillerie et de mitrailleuses très violent et dans une « confusion inexprimable ».
Le 3ème Bataillon du 33ème cherche à renforcer la 6ème Cie du 33ème directement et envoie ¼ de la 10ème compagnie du 33ème vers la place d’armes* mais le feu de l’artillerie lourde le détruit presque complètement et son chef, le sous-lieutenant Debast est tué.
La 11ème compagnie, elle, perd d’un coup son capitaine (Maës) son lieutenant (Berquier) et son adjudant-chef (Béthune).
Les hommes refluent vers le Bois des Moutons par les boyaux. Ne pouvant conduire les 9ème et 10ème Cies par la plaine, le commandant les dirige vers la Tranchée Brune Est au milieu de difficultés et d’une « confusion inexprimable ».
Vers 14 heures, l’encombrement est à son comble et rien n’est plus urgent que de rétablir l’ordre.
Le régiment laissant ses éléments de 1ère ligne, 120 hommes des 5-6-7-9 et 10ème Cies et 8 autres officiers, recueille les autres éléments des 2éme et 3ème compagnies du 33ème pour les réorganiser vers les abris Guérin.
Les unités passent la nuit à se réorganiser.
Le commandant Marquis prend le commandement des hommes restés en 1ère ligne.
Le colonel maintient son PC jusqu’au lendemain matin à la tranchée 6.
Le 10 au matin
Sauf les 120 hommes restés en 1ère ligne, le régiment était rassemblé comme suit :
- Etat-Major, Ier et 2éme Bataillon du 33ème, 3 sections de mitrailleuses vont à Wargemoulin
- Le 3éme Bataillon du 33ème aux abris Batbedat 500 m au sud des abris Guérin (Abris Batbedat et abris Guérin sont des abris aménagés un peu en retrait du front et qui ont pris les noms de ces officiers qui les avaient aménagés en fin 1914)
Les fractions restées dans la Tranchée Brune appuient l’attaque du 7ème régiment, garnison de cette tranchée.
Les hommes sont formés en 3 groupes :
1 groupe face à l’Est, à l’extrémité de la place d’armes* tire sur la portion des Tranchées Grises allemandes qui lui fait face, au Nord.
1 groupe doit accompagner dans la tranchée ennemie les éléments du 7ème Régiment.
L’attaque du 7ème Régiment à 14 heures avorte ; Les 8 officiers et les 120 hommes du 33ème sont relevés définitivement et quittent les Tranchées Brunes à 0h15 et arrivent à Wargemoulin le 11 janvier à 6 heures du matin.
Et c’est au même moment (ce 10 janvier) que le Colonel Claudel se voit proposer une mission qu’on ne peut refuser, commander la 65ème Brigade d’Infanterie.
Ce chef de corps météore est rapidement remplacé par le Lieutenant-Colonel Boud’Hors, dès ce 10 janvier lorsque l’ordre de repli avait été donné.
Boud’hors garde le Lieutenant Charles de Gaulle comme adjoint (voir récit sur le parcours de Charles de Gaulle).
Charles est proposé pour une citation à l’ordre de l’armée pour sa participation des combats de la veille. Mais lui, s’impatiente plus pour sa nomination au grade de capitaine.
Le lieutenant Charles de Gaulle, avait été nommé Officier Adjoint du Colonel Claudel le 13 décembre 1914. **
A partir de ce 11 janvier, la priorité est donnée à la Reconstitution du Régiment.
En ces 2 jours, on déplore :
- Tués
- 2 Officiers : Sous-Lieutenant Aimard-Saint-Cyr, Sous-lieutenant Debast
- 17 Hommes
- Blessés
- 4 Officiers : Cne Maës, Lt Berquier, Cne Dumont, Sous-Lt Persy
- 198 Hommes
Le 13 janvier 1915
Le Régiment bien éprouvé se rend à l’arrière et prend ses cantonnements à :
La Cheppe pour le 2éme Bataillon et pour le 3ème Bataillon du 33ème à Bussy-le-Château. Itinéraire : Somme-Tourbe Croix-en-Champagne, Saint-Rémy-sur-Bussy (Carte 11 et carte 12).
Du 9 au 18 janvier
La situation sans Changement, on procède à la vaccination antityphoïdique.
La fièvre typhoïde sévit de façon endémique ou dans toutes les régions à l’hygiène précaire(OMS) ce qui était le cas dans les tranchées où l’hygiène était toute relative. Elle se signalait par de fortes fièvres, des vomissements et un affaiblissement général… Rendant indisponible ceux qui en étaient victimes.
Elle devenait un des fléaux pour les soldats.
Le régiment reçoit un 7ème Renfort de 5 officiers et 325 hommes.
Le 19 janvier 1915
Le régiment fait mouvement et occupe :
- Pour l’Etat-Major, les 1er et 3ème Bataillons du 3ème les abris de Somme-Tourbe sur la voie ferrée entre Somme-Tourbe et Somme-Suippes au passage à niveau n°18
- Le 2éme Bataillon du 33ème à Saint Rémy-sur-Bugny
- Le 25 janvier, ce 2ème Bataillon du 33ème rejoint le régiment aux abris de Somme-Tourbe
(Carte 11 et carte 12)
Bilan de ces premiers jours de la 1ère Bataille de Champagne.
La première bataille de Champagne est une offensive des armées françaises contre les armées allemandes en région Champagne lors de la Première Guerre mondiale. L’offensive commence le 14 décembre 1914 et se poursuit jusqu’au 17 mars 1915.
En décembre 1914 :
Les combats se concentrent vers Perthes-les-Hurlus, Massiges, ferme de Beauséjour. En Champagne, les soldats français ont avancé de deux à trois kilomètres et résisté à plus de vingt contre-attaques, au prix de pertes humaines importantes. Les combats se poursuivent tout l’hiver.
En janvier 1915 :
La première bataille de Champagne continue en 1915. Offensives françaises et contre-attaques allemandes se succèdent dans la région de Perthes-les-Hurlus, ferme Beauséjour, Souain.
Ce qu’écrira le Général Langle de Cary :
« La brillante réaction du 17e corps qui permît la prise de Perthes lui avait rendu un espoir momentané ; mais le peu de succès des attaques des jours suivants lui prouvèrent qu’il ne pouvait, avec les moyens matériels dont il disposait, obtenir le résultat espéré.
Dès lors, ce 14 janvier, il adresse aux généraux commandant les 17e et 1er corps, une Instruction particulière, où il expose qu’en raison des conditions atmosphériques, du mauvais état du sol et de l’installation précaire des bivouacs qui ont rendu très dures les opérations poursuivies depuis dix-sept jours par la 33ème division, il est nécessaire qu’un repos suffisant soit accordé à cette unité avant de lui demander une nouvelle série d’efforts offensifs soutenus.
Cette division ne tentera donc pas de nouvel assaut, mais continuera à préparer ses attaques par la sape*, et par le feu de son artillerie. Elle renforcera et améliorera l’organisation de ses lignes et devra, en toute hypothèse, assurer l’intégrité de son front, d’où la décision de suspendre les attaques d’infanterie.
Dans sa lettre du 13 janvier au général en chef le général de Langle fait un tableau rapide des événements qui se sont déroulés en Champagne depuis six semaines et il expose les conditions dans lesquelles il estime qu’il y a lieu de poursuivre les attaques. Tout d’abord, il rappelle la méthode qu’il a employée. Devant l’importance des défenses de l’ennemi, il a abandonné l’idée d’une attaque générale de masses importantes sur un front étendu, et il s’est arrêté à celle ‘’d’un ensemble d’attaques méthodiquement préparées contre des points judicieusement choisis. »
*Dans le vocabulaire de la guerre de siège, la sape est une tranchée profonde (parfois couverte, mais jamais souterraine) permettant la circulation à l’abri des vues. Dans la guerre des tranchées, ce sens correspond généralement à celui des boyaux.
Du 19 janvier au 9 février : Situation sans changement
Le régiment se prépare à une intervention du dans le secteur de Mesnil-les-Hurlus pour début février.
Reconnaissance des Officiers, travaux de route et débitage de rondins, telles sont les occupations de la troupe dans un froid glacial, le gel et la boue.
Le régiment passe 2 officiers au Génie pour diriger les travaux exécutés par les territoriaux du 146ème. Le colonel réside quelques jours au Bois des Moutons pour l’étude du secteur.
Présentation du drapeau au Régiment reconstitué et défilé. Le tout pour intégrer les recrues du début du mois car en effet.
- Du 1er au 7 janvier, le régiment a reçu un 6ème Renfort de 4 officiers, 1 commandant de bataillon, 1 lieutenant, 2 sous-lieutenants et 300 hommes
- Le 18 janvier, le régiment reçoit un 7ème Renfort de 5 officiers et 325 hommes
Cependant, le mauvais temps s’accentuant, les travaux devenaient de de plus en plus difficiles et le dégel rendait les routes impraticables pour les ravitaillements. Le 3 février, le général de Langle rendait compte qu’il était obligé de ralentir l’action de l’artillerie et qu’un retard sensible aurait lieu dans la préparation de l’attaque. Le lendemain, il prescrivait aux corps d’armée de diminuer leur consommation de munitions et les informait que la date de l’offensive serait reculée après le 6 février.
Le 7 février, le général Brulard, commandant la 2e division exposait les difficultés auxquelles se heurtaient les troupes :
« Depuis le 2 février, jour du dégel, écrivait-il, les travaux ont dû être suspendus. Les unités de première ligne doivent se borner à nettoyer la tranchée où la boue monte jusqu’à mi-jambe. Il faut, depuis cinq jours accomplir, de véritables tours de force pour assurer l’alimentation des régiments de première ligne. Il faut imposer aux hommes et aux animaux des efforts excessifs qu’on ne peut exiger longtemps sans s’exposer à des déchets inadmissibles. »
Il en était de même dans les autres secteurs de la IVe armée. Aussi fallut-il encore reculer le début de l’offensive.
Le 9 février, le général en chef avisait les Ve, VIe, IIe et Xe armées que l’offensive de la IVe armée allait prendre sous peu son plein développement. Il leur prescrivait d’exécuter des actions d’artillerie pour que l’ennemi eut l’impression d’être sous le coup d’une attaque sérieuse en un point de leur front et fût maintenu dans l’indécision sur la région où se produirait l’attaque principale. Ces actions d’artillerie commenceraient simultanément le 11 février, seraient poursuivies le lendemain, puis interrompues pour n’être reprises que sur l’ordre du commandant. Tout étant ainsi réglé pour la reprise de l’offensive, les plus grands espoirs paraissaient pouvoir être fondés sur des opérations si largement dotées pour l’époque en moyens de toutes sortes.
Le 10 février 1915
Le Lieutenant de Gaulle est promu à titre provisoire au grade de capitaine à compter de ce jour ; le 10 février 1915.
Le Régiment est engagé dans une action d’ensemble à laquelle participe à une action d’envergure à laquelle participent les 1er et 17ème corps d’Armée.
Le secteur réservé au 33ème reste celui des « Tranchées Brunes » à la corne Nord-Ouest du Bois Jaune.
L’Objectif assigné au Régiment est de s’emparer de la portion des « Tranchées Grises » en face des « Tranchées Brunes » et le point de suture des « Tranchées Grises » et des « Tranchées Blanches ».
Le mécanisme de l’attaque étant le suivant (carte 6) :
- Le 1er Bataillon partira des Tranchées Brunes et partira à l’assaut sur son objectif
- Le 2ème Bataillon, en soutien, le remplace aussitôt et continue son mouvement pendant que les 2 ailes du 1er Bataillon font face aux éléments ennemis de droite et de gauche
- Sont prévues des attaques voisines :
- à droite par le 110ème R.I sur la tranchée de l’Allée en partant du Bois Laurin et des Bois Jumeaux
- à gauche par la 33ème Division d’Infanterie qui attaque la Tranchée Blanche
Soutiens de l’attaque :
- Action de l’artillerie sur les tranchées et les défenses accessoires mais surtout à cause de la disposition du terrain, l’action de l’artillerie de petit calibre : canon de 37, de 58, mortiers Cellerier.
- Feux violents de mitrailleuses en tir bloqué pour couper les réseaux.
Moyens accessoires :
Gradins d’accès, brèches, sacs à terre, pétards à main, grenades.
Pour pouvoir remplir sa mission, le Colonel demande :
- Le régiment à pied d’œuvre 2 jours avant l’attaque
- Création de communications, multiplication des boyaux et doublement des boyaux, des divers courants de circulation
- Création d’un P.C au Bois Lorrain où il y a de bonnes vues
- Deux sacs à terre par homme
Il obtient satisfaction complète pour… le premier point.
Travail du Génie :
- Une sape en arc-en-ciel reliant la tranchée de tir à l’Est des Tranchées Brunes à la place d’armes, prolongeant à l’Est les Tranchées Brunes
- 2 boyaux intérieurs réunissant la tranchée de tir à la tranchée de circulation des Tranchées Brunes
- Une tranchée refuge dans les Tranchées Brunes parallèle à la tranchée de circulation et au sud de celle-ci
Le régiment quitte ses abris le 10 février à 13 heures (bien 2 jours avant l’attaque prévue).
Il gagne le sud-ouest de Laval à travers champs. Passage aux abris Guérin à 21heures au Bois-Molandin à proximité de Mesnil-les-Hurlus.
Le régiment est en place le 11 février à 2 heures.
L’attaque est fixée le 12 à 10 heures.
Pendant ce temps, le régiment s’organise.
On procède à la création de 3 dépôts de munition, de matériel et d’explosifs, d’un poste de secours à Mesnil et de 2 postes auxiliaires. L’un au Bois des Moutons, l’autre dans la tranchée de circulation des Tranchées Brunes Est.
L’aménagement se poursuit :
On termine le boyau Tranchée Grise à la sortie Ouest de Mesnil.
On construit les boyaux au Bois des Moutons (face sud), au secteur qui est celui du point de retour des Tranchées Brunes, au Bois Lorrain, au Bois des Moutons.
Tous les terrassements sont faits de nuit.
Entretemps, les hommes travaillent à transporter matériaux, munitions et matériel aux tranchées brunes et à l’amélioration des boyaux.
12 février 1915
L’attaque est remise au 16 février. A 10 heures, les circonstances atmosphériques sont particulièrement défavorables (neige-pluie-gelée).
Du 12 au 16 février 1915
Continuation de la préparation.
3ème phase : Les Opérations
L’offensive des 1er et 17e corps (16 février – 18 février 1915).
Le 16 février 1915
Le général Joffre télégraphiait, le 15 février, au général de Langle qu’il comptait sur lui et qu’il avait confiance dans la IVe armée. Il ajoutait qu’il l’appuierait en temps utile par toutes les forces dont il pourrait disposer afin de lui permettre d’exploiter le succès possible .
En transmettant aux 1er et 17e corps, la première partie de ce télégramme, le général de Langle ajoutait :
« Je reporte sur vos vaillantes troupes et sur vous-même la confiance que le général commandant en chef veut bien me témoigner et je ne doute pas que les 1er et 17e corps fassent honneur à la IVe armée par leur entrain, leur vigueur et leur ténacité. »
Au moment de la reprise de l’offensive, la IVe armée disposait de 250.000 hommes, 155.183 fusils, 7.999 sabres et 879 canons dont 110 pièces lourdes.
Le 16 février 1915
Le 16 février, le 33ème participe à une action d’ensemble des 1er et 17e C. A. ayant comme objectifs particuliers les « Tranchées Grises » et une partie des « Tranchées Blanches » (carte 7).
Le 16 février : 1ère Attaque à 10 heures, le 1er Bataillon s’élance à l’assaut de la position ennemie. Les 1ère et 3ème compagnies sortent de la Tranchée de tir et sont instantanément fauchées par des tirs de canons révolvers, et de mitrailleuses ennemies.
Son premier bond est rapide, mais tous ses efforts viennent se briser contre des défenses accessoires insuffisamment détruites malgré l’action des mitrailleurs du régiment. Quelques hommes seulement réussissent à sauter dans la tranchée boche où ils ne tardent pas à succomber sous le nombre.
Le capitaine Cary de la compagnie de Mitrailleurs, blessé, conserve son commandement.
Cette attaque anéantie presque toute la 3ème compagnie et bon nombre de soldats des 4ème et 1ère compagnies, dont le chef, le capitaine Lapertot, est tué.
A 11 heures 30, le capitaine Carré, commandant le 1er bataillon, attaque une seconde fois avec les restes du bataillon. L’attaque, toute de bravoure inutile, échoue !
Le 1er Bataillon étant parti à l’assaut d’une position ennemie, pas même entamée par une préparation d’artillerie préalable, le canon de 37 pointé sur ce secteur n’a pas tiré longtemps, la plateforme sur lequel il était posé ayant été démoli par un obus.
Alors, seul un calibre 58 fut utilisé. Et malheureusement, 1/3 de ses projectiles n’éclataient pas, au dire du Lieutenant chargé de servir les « 58 » !
A 13 heures, la 33ème Division d’Infanterie attaquant, ordre est donné au 33ème R.I de l’appuyer.
En conséquence, les 9ème et 1ère compagnies se positionnent au bois des Moutons. Ils apprennent alors l’échec de l’attaque de la 33ème Division d’Infanterie.
Le 33ème R.I reçoit le renfort d’un bataillon du 73ème R.I.
A 15 heures 30 : 3ème Attaque.
Ordre de préparer une nouvelle attaque, parvient au Régiment et ceci avec l’appui d’une compagnie 110e, celle du Lieutenant Wimet.
Celle-ci est décidée pour 17 heures, engagée après une forte préparation d’artillerie engagée à 16h30.
A 17h10 : La situation est infernale aux « tranchées brunes », le bombardement est si intense, que même les compagnies non engagées perdent d’énormes effectifs ; la 8ème compagnie perd 25 % de ses soldats (une compagnie compte 120 hommes en moyenne).
La garnison qui demeure sous le feu fait preuve d’une force morale extraordinaire, note le commandement.
A 17h30, La compagnie du 73ème qui devait monter à l’attaque, n’est pas encore partie. Les restes de la 8ème compagnie devant la suivre dans cette attaque.
A 17h40, une section du 73ème (60 hommes), perd 45 hommes et un officier dans cet assaut.
A 18h, le 1er Bataillon durement éprouvé, ayant perdu une grande partie de ses effectifs et de ses cadres retourne aux cantonnements de Wargemoulin puis de là à Laval où il reçoit un 8ème renfort de 1 officier et 300 hommes.
Il repartira au Bois des Moutons dès le 19 février.
Les 2ème et 3ème Bataillons (De Bruignac et Charue) sont engagés à leur tour dans des conditions non moins meurtrières ! En un instant une section perd son officier et 45 hommes.
*
Ailleurs sur le front
Le 16 février
Conformément aux ordres donnés, l’offensive commença le 16 dans la matinée. Au 1er corps, la 1ére division*, puissamment aidée par l’artillerie du corps colonial, s’empare de la partie sud du Fortin (carte 8). Le 33ème R.I fait partie de la 2ème Division. Mais ces attaques vont le concerner peu après !
Une violente contre-attaque allemande, lancée en fin de journée.
Elle force les soldats du 1er C.A et des Coloniaux à abandonner les tranchées conquises et la ramène à son point de départ. Pourtant, la 2e brigade de cette division, après une série d’attaques et de contre-attaques, reste maîtresse de cinq cents mètres environ de tranchées à l’ouest du bois des Trois Coupures (1er et 84ème R.I).
A la 2e division, la 3e brigade (33ème et 73ème R.I) qui attaque au nord des Tranchées Brunes échoue, aucune brèche n’ayant été faite dans le réseau de fils de fer; elle tente une nouvelle attaque à 17h15 (4ème Attaque).
Mais sans plus de succès; elle subit de fortes pertes. Les Tranchées Brunes sont en partie dévastées.
La 4e brigade avec le 110ème R.I s’empare des tranchées Blanches jusques et y compris la tranchée nord du bois En Cœur (environ 800 mètres de tranchées à l’ouest du chemin de terre de la cote 171), ce qui constitue un succès (carte 9 et extrait du J.M.O du 16 février de la 3ème Brigade).
Le 17 février : 5ème Attaque
Pour exploiter le succès du 110ème, l’attaque doit reprendre à 9h30 en liaison avec le 33ème R.I (Les 2ème et 3ème Bataillons) et le 17ème Corps d’Armée.
Le Génie qui devait, dans la nuit, remettre en état la Tranchée Brune, ne l’a pas fait.
Le peloton du Génie (120 hommes) qui avait été demandé n’est pas venu.
La 33ème D.I n’a pas attaqué, ses éléments ayant été démoralisés par un tir de barrage qui paralyse le 207ème R.I.
L’attaque est donc reportée à 16 heures.
Elle doit être effectuée par un Bataillon du 73ème R.I et les éléments du 33ème R.I présents (2ème et 3ème Bataillons) qui sont devenus garnison de la Tranchée Brune.
Le tir de l’artillerie ennemie augmente encore d’intensité. Les Tranchées Brunes sont complètement retournées, une 2ème fois, et les bois des Moutons et Lorrain subissent un bombardement d’une violence sans égale.
Les communications qui avaient été coupées à 16h20 sont réparées immédiatement sous le feu par l’équipe du Génie.
A 16h30, nouvelle tentative d’attaque, la 5ème, est enrayée par les mitrailleuses ennemies qui tirent sans répit.
A 17h15, 2 compagnies du 73ème du Bataillon « Brigand » se reportent en avant mais l’attaque est aussitôt arrêtée par le feu d’infanterie allemande. Le Bataillon du 73ème subit de lourdes pertes.
Le 18 février 1915
Les 9éme et 10ème compagnies regagnent les tranchées 5 et 6. Le mouvement est terminé à 13h30.
A 14h30, le Bataillon Brigand a 2 compagnies dans la place d’armes des Tranchées Brunes. Il leur est donné comme objectif de prendre l’extrémité Est des Tranchées Grises pour se relier au 110ème. Le 33ème étant en soutien de l’attaque.
A 15 heures, le commandant Brigand est blessé. Le canon revolver** fait des ravages dans les Tranchées Brunes.
A 16h28, l’ordre suivant est donné : « Attaquez jusqu’à complète usure ».
A 16h43 : 6ème Attaque. L’attaque sort, le 33ème s’élance encore une fois (la 6ème) jusqu’aux réseaux allemands intacts, qu’il ne peut traverser et reviennent au point de départ. Les pertes sont « sensibles ».
A 17h10 : Nouvelle préparation d’artillerie et nouvel ordre d’attaque donnée au Capitaine Larbey.
L’attaque partie à 17h40, échoue encore (elle fait partie de la 6ème Attaque).
A 18h20, les 5ème et 7ème compagnies sont appelées au Bois des Moutons dans le but de tenter sur le même front, une attaque de nuit. L’attaque sera annulée à 20heures.
Le 19 février : 7ème Attaque
L’ordre est donné de s’emparer coûte que coûte des «tranchées grises» en liaison avec la 4ème Brigade (voir cartes 4-6-7-10).
Les dispositions indiquent les 5ème et 7ème compagnies du 2ème bataillon dans la Tranchée Brune dans une sape préparée par le Génie.
Les 6ème et 8ème compagnies restent en soutien dans la tranchée de circulation et sont en renfort d’attaque actions par le feu ! (le tir au fusil principalement).
Elles sont accompagnées par une section de mitrailleuses et 2 compagnies du 73ème.
Au Bois des Moutons, sont disposés les éléments de la 1ère compagnie, les 2ème et 3ème compagnies dans les Tranchées 5 et 6.
A 11 heures très précises, la 7ème attaque s’élance.
Les 5ème et 7ème compagnies, s’élancent en 2 vagues successives de 2 sections de chaque compagnie. Aussitôt, se déclenche le tir de l’artillerie. Les pertes subies sont très lourdes.
En 15 minutes, la 5ème compagnie perd 45 % de ses effectifs dont 2 officiers ! Seuls 68 hommes (sur 120) sont en état de combattre.
La 7ème compagnie subit les mêmes pertes.
Au prix de pertes sanglantes, des soldats parviennent à 20 mètres de la tranchée allemande.
Et voici qu’intervient une action d’éclat qui fit sensation à l’époque !
Trois hommes de la 5ème compagnie ont réussi à sauter dans un ancien boyau reliant la « tranchée grise » à la « tranchée blanche », un trou de guetteur très profond de 2 mètres.
Un barrage en sacs à terre et gabions empêche leur progression, ils attaquent ce bouchon à la pioche, sans d’ailleurs pouvoir venir à bout de le renverser. Dès que les Allemands s’aperçoivent de la situation, ils les aspergent de leurs boîtes à mitraille (leurs grenades).
Les hommes n’ont d’autres ressources que de leur relancer les grenades qui n’ont pas explosé.
Ils sont obligés de se coucher au milieu des cadavres et ne rejoignent leur unité que le soir même !
A 11heures 30, se déclenche un autre tir d’artillerie lourde allemande. Les communications sont coupées, les abris s’effondrent et toute la partie est des Tranchées Brunes est complètement retournée.
Les boyaux de communication intérieure entre la tranchée de tir et la tranchée de circulation sont bouchés.
Les 6ème et 8ème compagnies s’emploient à réparer ce désordre et d’évacuer les cadavres qui sont tombés jusque dans la tranchée de tir et qui empêchent… de circuler.
A 12h20, un ordre est donné par la Division de surseoir à toute attaque et de reprendre l’assaut à la nuit tombante par les 6ème et 8ème compagnies du 33ème.
A 15 heures, contrordre est donné. L’assaut est renouvelé, mené par les 6ème et 8ème compagnies et une compagnie du 73ème.
Les fractions de droite ne gagnent qu’une trentaine de mètres, les fractions de gauche tombent dès qu’elles ont escaladé les gradins de franchissement.
Les cadavres entassés sur le parapet sont si nombreux qu’ils rendent le tir impossible.
L’ennemi n’est pas entamé, son feu très nourri est parfaitement ajusté.
A 16h25, la 2ème Division d’Infanterie donne l’ordre de renouveler l’attaque à 18 heures pour la 9ème compagnie. Aux autres de poursuivre l’établissement d’une sape en avant de la tranchée de tir, permettant d’enlever une vingtaine de blessés.
Ce qui fut également considéré comme acte de bravoure à l’époque.
Les travaux durent toute la nuit !
Le 20 février
Le 3ème bataillon vient relever les débris du 2ème, qui part en réserve aux abris de Mesnil-les-Merlus puis à Laval le 21 février.
Les bombardements, un violent bombardement oblige à revoir les plans d’attaque, en liaison avec le 73ème R. I.
Le 21 février et pendant cinq jours, tous les efforts sont consacrés à préparer les nouvelles attaques, le tout sous d’incessants bombardements ennemis.
Le 22 février
L’attaque générale reprendra à 18 heures, le régiment a pour mission de fixer par des feux violents, l’ennemi des « tranchées grises ». Le bois Lorrain passe dans le secteur du 73ème R.I.
A 14h45, commence le tir des fusils et des Cellerier* de garnison.
De 15h à 15h45, la réplique allemande est des plus violentes.
L’attaque est ajournée !
*A partir du mois d’octobre 1914. L’artillerie de tranchée, pour lui donner son nom officiel, fut d’ailleurs bientôt dotée d’un matériel nouveau, le mortier de 58, avec bombes à ailettes, inventée par le commandant du génie Duchêne (plus tard général), et dont l’auteur raconte la curieuse histoire, moins extraordinaire toutefois que celle de certains autres engins comme le mortier Cellerier (nom d’un officier d’artillerie) formé d’un corps d’obus allemand de 77 et tirant des obus de 65 français !
Le 23 février : La mission est inchangée
Les 2 armées se bombardent mutuellement ce qui empêche toute sortie. Ce qui ajoute à la fatigue générale des combattants.
Le 24 février
Dès 8 heures, le canon révolver exécute un tir très serré sur les tranchées. Pendant la nuit, une fraction de la 1ère compagnie a travaillé à la sape des Tranchées Brunes mais elle doit quitter le chantier sans que l’on sache où est poussé son travail !
A 12heures, le 17ème Corps d’Armée attaque la garnison des Tranchées Brunes. Le Bataillon du 110ème R.I mis à disposition du régiment, perd 2 chefs de section.
A 16h30, après un tir de 10 minutes attaque de la 3ème Division d’Infanterie est déclenchée. L’ennemi riposte par de violents feux de salve.
Le 25 février
Le général Guillaumat remplace le général Deligny, à la tête du 1er corps d’armée et le général Gérard prend la direction des opérations dans le secteur des 1er et 2ème corps d’armée.
L’objectif des éléments du secteur « Truffert » (un Commandant du 73ème) sont le Bois Trapèze et la Mamelle Sud.
La 3ème Division d’Infanterie doit attaquer à 16 heures, en partant du Bois Jaune, et doit gagner du terrain entre le Bois Cœur et les Bois Jumeaux.
Toutes les disponibilités de la 3ème Brigade seront utilisées pour faciliter l’accomplissement de cette mission.(éléments des 1er et 2ème C.A)
Cette attaque doit être prononcée quel que soit le résultat de l’attaque de 16 heures, et par coups de main, à la tombée de la nuit.
En conséquence, les 10ème, 11ème et 12ème compagnies du 33ème sont mises à la disposition du commandant du 73ème R.I.
Pendant l’accomplissement de ce coup de main, les éléments des Tranchées Brunes attireront l’ennemi de leur côté en exécutant des feux violents.
Exécution des mouvements suivants :
- Le 110ème Bataillon rentre à Mesnil-Ouest
- Le 1er Bataillon du 33ème R.I monte aux Tranchées Brunes
- Le 3ème Bataillon du 33ème R.I se rend au Bois Jaune à la disposition du Commandant du secteur :
- La 12ème compagnie au Bois Cœur, construira un boyau entre le Bois Cœur et le Bois Trapèze
- La 10ème compagnie dans le boyau nord du Bois Jaune à la Tranchée de L’Allée
- La 11ème compagnie en réserve au Bois Jaune
A 22 heures, toutes les compagnies sont rassemblées dans le boyau et groupées au Bois Jaune.
La mission dévolue au régiment pour cette attaque est de se relier au 73ème et de continuer à progresser sur les Tranchées Grises.
L’attaque est fixée à 19 heures.
L’objectif : La tranchée allemande entre le Bois Trapèze et le « L » renversé.
Troupes d’attaque :
- 2 compagnies du 73ème partant du Bois Cœur
- 2 compagnies du 33ème partant du boyau Bois Cœur, Bois Jaune
En réserve la 11ème compagnie au Bois Jaune.
Le 26 février
Jusque 15 heures, préparation des attaques par l’artillerie.
A 15 heures, dans le secteur Truffert, surgissent le 73ème R.I, un bataillon du 33ème, 1 bataillon du 8ème. Une première sortie est de suite enrayée ; renouvelée quelques instants après, elle permet à la 11e compagnie (Desaint) de prendre pied dans la tranchée allemande du Bois du Trapèze, où s’engage une lutte sans merci ! Elle tourne à notre avantage. 86 prisonniers allemands sont faits !
Dans le secteur Boud’hors, les 2 autres Bataillons du 33ème et 1 compagnie du 110ème ont agi par rafales de tir et de mitrailleuses, tant l’activité de l’artillerie allemande était grande !
Dans la soirée, la liaison est établie, et, sans perdre de temps, la ligne du 33ème est organisée et solidement étayée. A 22heures, une contre-attaque allemande sera vite enrayée.
Les Allemands paraissent affaiblis ! Du côté Français, le Génie fait savoir qu’il n’a plus les troupes disponibles pour accompagner la Division dans ses opérations ce qui guidera l’Etat-Major à réfléchir sur ses modes d’action.
En cette journée, le Régiment a 7 tués et 1 blessé grave !
Ces rudes journées ont demandé de durs sacrifices et, cependant, le régiment, réduit de plus de moitié, doit demeurer dans le secteur.
Le 27 février
L’Etat-Major est et reste optimiste d’où son communiqué :
Le 27 février, dans la zone des 1er et 2ème corps, l’attaque de droite nous permet de nous installer au saillant au nord-est du bois des Trois Coupures et au Fortin (carte 7).
La situation d’ensemble se présente favorablement. L’objectif des éléments du secteur « Truffert » sont le Bois Trapèze et la Mamelle Sud.
Les éléments du secteur Boud’hors fixeront le front devant les Tranchées Brunes.
Le 27 février, dans la zone des 1er et 2e corps, l’attaque de droite nous permet de nous installer au saillant au nord-est du bois des Trois Coupures et au Fortin.
A 15h45 est l’heure fixée par les ordres généraux pour lancer une attaque combinée des 17ème Corps d’Armée et du groupe du Général Gérard qui se produira en fait le lendemain, le temps étant trop brumeux.
Le 28 février : cartes 7 et 9
Une nouvelle attaque du 17ème Corps d’Armée et du 147ème R.I à 10heures sur le Bois-Trapèze et les bois à l’ouest du Bois Tapèze est lancée et aura quelques résultats encourageants.
Vers 10h30, le Lieutenant Leroy du 27ème Rgt d’infanterie a ordre d’installer un canon de 75 au Bois des Moutons. L’ennemi reprit le bombardement à 16h35.
Le succès obtenu par son centre, coïncidant avec l’arrêt du front à sa gauche, va amener le général Gérard à donner une nouvelle orientation à ses attaques. Il décide d’atteindre l’objectif des Mamelles, fixé par le commandant de l’armée, en contournant par le nord le Trapèze et le Bois Jaune Brûlé.
Une nouvelle stratégie se met en place dès le lendemain.
Les Allemands feront de même !
4ème phase : La continuation de l’attaque de front, les contre-attaques ennemies
(1er mars – 4 mars 1915)
Les opérations qui suivront auront pour but de fixer les défenseurs du Bois Trapèze et du Bois Jaune Brûlé et de consolider et d’élargir les bases avant de nouvelles attaque.
La 2e division attaquera dans la direction des Mamelles, le 33ème R.I sera concerné.
A l’ouest de Perthes, les attaques continueront sur les mêmes objectifs, définis par l’Etat-Major.
Dans la journée du 2 mars, toute la 1ère ligne ennemie, du Fortin de Beauséjour aux Tranchées Blanches, tombe en notre pouvoir, sauf le saillant du Bois Jaune Brûlé.
Nous tenons, en outre, au-delà de cette ligne, le bastion conquis le 27 février à la cote 196 et la lisière sud du Bois du Trapèze.
La mission est inchangée, mais les 2 armées se bombardent mutuellement ! Ce qui empêche toute sortie.
Le 1er mars
Le 2ème Bataillon est remis à disposition de la 2ème Division d’Infanterie et doit remplacer le 3ème Bataillon. Le 2ème Bataillon est dirigé sur Mesnil-les-Hurlus pour être orienté dans le secteur « T ».
Il arrive à Mesnil à 17h30.
Le 3ème Bataillon (Charue), est rassemblé à 13 heures et atteint les abris Guérin à 15h30.
Et là, ils apprennent qu’une contre-attaque allemande sur le 147ème lui permet de réoccuper le Bois Trapèze.
Contrordre pour la 3ème Brigade puis reprise de l’ordre primitif :
La 2ème division attaquera dans la direction des Mamelles. A l’ouest de Perthes, les attaques continueront sur les mêmes objectifs.
5ème phase : Les travaux de terrassement
Le Bataillon est en entier sont repositionnés au Bois Jaune : Il lui faudra, dix jours encore !
Lutter contre le froid, la neige et les privations de toutes sortes, travailler sans relâche, creuser le sol, déblayer les boyaux, aménager des abris.
Il lui faudra surtout conserver le terrain conquis, dont il est justement fier, et qu’il confie, le 11 mars, aux camarades des 91ème et 147éme R. I.
Avec pour mission d’aménager le secteur pour le rendre « imprenable » par les Allemands.
Le 01 mars
Carte 6 – carte 7 – carte 9
A 20 heures, les unités du 2ème Bataillon sont placées :
- La 6ème compagnie dans la place d’armes à l’est des Tranchées Brunes,
- La 7ème compagnie dans la lisière Est de l’allée Lorrain (prolongement Sud-Nord du Bois Lorrain.)
- La 8ème compagnie dans le boyau de la tranchée conquise de l’Allée (corne nord du Bois Jaune)
- La 5ème compagnie dans un boyau à refaire entre le sud du Bois Jaune, les 2 bois « sans noms » et les Bois Jumeaux ; entre l’axe Bois Jaune en sa tranchée sud et l’axe et le Calvaire qui est un ouvrage intermédiaire d’avec Les Bois Jumeaux.
Toute la nuit est occupée à refaire, sous la neige, ces boyaux qui ont été arasés par l’artillerie lourde allemande et qui sont constamment battus par le 77 et le canon-revolver.
Le 2 mars 1915
La 33ème division d’infanterie attaque à 13 heures.
La 3ème division d’infanterie attaque à 14 heures.
Le Bataillon des Tranchées Brunes appuie de son feu. Le tir de nos Cellerier fait taire des mitrailleuses qui lors des attaques précédentes s’étaient révélées.
Dans la journée du 2 mars, toute la 1ère ligne ennemie, du Fortin aux Tranchées Blanches, tombe en notre pouvoir, sauf le saillant du bois Jaune Brûlé. Nous tenons, en outre, au-delà de cette ligne, le bastion conquis le 27 février à la cote 196 et la lisière sud du bois du Trapèze.
Le 33ème R.I va alors avoir pour mission pendant les jours qui suivront, d’aménager le secteur en vue de rendre impossible toute progression allemande.
Le 3 mars 1915
Les contre-attaques sur la cote196 deviennent extrêmement violentes, indiquant l’importance que l’ennemi attache à cette position.
Continuation de la sape en face des Tranchées Brunes.
Travail difficile, en cette période de l’année et sous le feu ennemi.
4 mars 1915 : Situation sans changement
Les travaux de sape sont très gênés par le tir d’artillerie et des lance-bombes.
A 12heures, attaque par la 3ème division d’Infanterie.
A 13heures, violente canonnade de nos lignes.
La sape à l’est du Bois Lorrain atteint 260 mètres.
La tranchée de circulation des Tranchées Brunes a été réunie à la Tranchée de tir.
Le 05 mars 1915
La 3ème brigade a pour mission de conserver l’intégrité de son front pendant les attaques voisines.
Le 06 mars 1915
Les 2 canons de 58 sont transportés au « Bois de la Truie » dans le secteur de la 3ème D.I .Les Allemands attaquent à 4 heures le « Bois Trapèze » et en reprennent la face est aux fractions du 147ème Régiment d’Infanterie.
L’attaque de la 3ème D.I fixée d’abord à 11heures est reportée à 15 heures.
Violente canonnade sur la zone Bois Lorrain- Bois Jaune.
Le 7 mars 1915
La garnison construit 9 mètres de tranchée et améliore les sapes.
La 4ème Brigade attaque à 12 heures la croupe 196.
Elle y a 2 tués et 7 blessés.
08 mars : Établissement de 9 mètres de tranchée crénelée malgré le bombardement
La 4ème Brigade continue ses attaques à 10 heures.
Un Bataillon du 110ème sur le Fortin, 2 compagnies du 110ème sur la gauche du 7ème Régiment.
La 3ème Brigade doit maintenir son front.
09 mars 1915
Continuation des attaques de la 4ème Brigade.
Pour la 3ème, donc pour le 33ème R.I, même mission soit, aménager le secteur.
10 mars 1915
Ce 10 mars, Charles de Gaulle qui supervisait les travaux et approvisionnements, pour les Tranchées Brunes près de Mesnil-les-Hurlus, en grenades, fusées, sacs de terre… ressent une violente douleur à la main gauche. Une balle, qu’il a entendu siffler, lui a un peu entamé le muscle. Charles, se fait panser pour cette blessure jugée sans gravité ce jour-là. Dès le lendemain, il reprend ses activités d’aide de camp (voir récit sur le parcours de Charles de Gaulle).
Les éléments du 33ème sont alors remplacés par le 147ème RI et le 91ème R.I. Les fractions du secteur du « Bois des Moutons » sont rendues à l’Eglise de Mesnil-les-Hurlus à 20 heures.
Celles du secteur du Bois-Jaune ne sont complètement enlevées qu’à 23 heures.
11 mars : Le Régiment se trouve rassemblé sur le chantier du carrefour de cette route avec la route Laval – Croix-en-Champagne.
Petit à petit, la main du capitaine de Gaulle commence à picoter, à un peu enfler ! Charles ne s’inquiète pas outre-mesure. Mais au bout de 3 jours, une infection se déclare. Tout l’avant-bras enfle, et les souffrances amplifient au point d’inquiéter le corps médical qui décide de l’hospitaliser peu après.
Le Régiment est transporté en 3 convois autos à Courtisols-Saint Memmie où il cantonne jusqu’au 20 mars.
Pertes durant les travaux : 1 tué, 3 blessés.
Le régiment reçoit un nouveau renfort : le 8ème de 340 hommes.
Bilan
Le Régiment recevra cet hommage :
« Honneur à vous, vaillants soldats de 1915, vous êtes grands parmi les plus grands. Puisse le souvenir de votre noble exemple guider les générations à venir dans le chemin de l’honneur et du sacrifice ! »
Pertes du 10 février au 10 mars
Officiers tués :
- Capitaine Lapertot
- Lieutenant Hayem
- Sous-Lieutenant Mahieux
- Sous-Lieutenant Leplat
- Sous-Lieutenant Bonnel
Officiers disparus :
- Sous-Lieutenant Denoyelle
- Lieutenant Martin
Officiers blessés :
- Commandant Bézard
- Capitaine Carré
- Capitaine de Gaulle
- Capitaine Carry
- Sous-Lieutenant Renard
- Sous-Lieutenant Wambeke
- Sous-Lieutenant Bridoux
- Sous-Lieutenant Coignet
- Sous-Lieutenant Pollet
- Sous-Lieutenant d’Halluin
- Sous-Lieutenant Leclerc
- Sous-Lieutenant Gerbert
- Sous-Lieutenant Boulinguez
Hommes :
- Tués : 127
- Disparus : 197
- Blessés : 363
Donc 687 pertes : 324 morts ou disparus et 363 blessés dont beaucoup ne survivront pas !
Quelques mois plus tard, l’armée fit le bilan de ce qu’on appela :
« La première bataille de Champagne »
Offensive qui commence le 14 décembre 1914 et se poursuit jusqu’au 17 mars 1915.
Pour 3 mois de combat, côté français, les pertes ont été de :
- 570 officiers et 20 916 hommes tués
- 177 officiers et 16 173 hommes disparus
Soit un total de 747 officiers et 37 089 hommes (37 836).
- 899 officiers et 54 157 hommes blessés
Soit un total de 55 056.
Donc : 1 646 Officiers et 91 246 Hommes hors de combat ! 92 892 en tout ou 1 000 par jour !
Le tout pour un gain de 10 km2. L’avancée maximum étant de 1 200 mètres ! Un calcul avait montré qu’il y avait eu plus de 20 morts à l’hectare. Cette série d’attaque prit rapidement le sinistre nom de « Grignottage « .
Mais les rêves de gloire et de conquête des Généraux de 14 ne pouvaient aboutir :
Dans la zone d’attaque, les Allemands avaient activement renforcé leurs deuxièmes lignes, partout où les premières avaient été entamées par nos attaques de décembre.
Chaque bois avait été transformé en une véritable forteresse avec lignes échelonnées se flanquant mutuellement.
A l’est de Perthes, leur ligne principale de défense suivait sensiblement la crête partant de Perthes et se dirigeant vers la Butte du Mesnil.
Elle comprenait les tranchées Grises et les Tranchées Blanches, dans la partie ouest desquelles les Français nous avaient pris pied à l’est du chemin 176-179, une région boisée très solidement organisée (Bois Jaune Brûlé, Bois Allongé) en couvrait les pentes sud.
Ce qui explique la fin des offensives effrénées lors de cette première « Bataille de Champagne ».