Un lieutenant du 33ème, un jour d’instruction, s’adressa ainsi à ses nouvelles recrues :

Messieurs, un fantassin ça marche et pour marcher mes gaillards vous allez marcher !

Bon d’abord pour marcher il faut un bon équipement, d’abord les chaussures. L’armée française a équipé ses troupes de brodequins d’excellente qualité : en cuir avec lacets. Elles enserrent le pantalon au niveau des mollets. Les brodequins sont en cuir verni noir à semelles cloutées, à languette libre. Les différentes parties sont cousues et reliées par des œillets en cuivre.

Voilà la description officielle que je viens de vous lire. D’après moi, un peu plus de clous sur les semelles, un peu plus d’œillets et surtout des languettes fixes pour l’étanchéité les rendraient encore meilleures. Mais bon ! Je ne peux pas tout faire en France dit-il en riant !

Continuons l’équipement.

Nos brodequins sont accompagnées de bandes molletières pour un meilleur maintien. Or d’après moi, des guêtres seraient mieux adaptées.

Sur l’uniforme il y aurait beaucoup à dire !

– Et vous l’auriez imaginé comment notre uniforme mon Lieutenant ?

A la fois surpris et flatté d’être ainsi sollicité, il réfléchit un peu et dit :

Pour moi l’uniforme actuel est parfait pour les parades et les défilés. Regardez-le un peu avec son pantalon rouge garance qui date de 1867 et qui a donc fait la guerre de 70 ! Cette capote d’un bleu indigo plutôt vif de 1877, ce képi rouge et bleu qui ne protège de rien à part du soleil. Nos brodequins de 1893 à améliorer, qui seraient avantageusement remplacés par des bottes, légères l’été, chaudes l’hiver. Pour moi il faudrait une seconde tenue plus adaptée au combat, plus discrète.

– Une tenue de combat, quelle bonne idée mon Lieutenant mais de quelle couleur ?

Après une courte réflexion il pencha pour une tenue légère de couleur qui mélange l’aspect de la terre et de la végétation !

Ce « mélange » en laissa perplexe plus d’un ! Qui oserait une telle audace ?

Passons à autre chose, vous avez parlé du barda, du

sac à dos

. Il est vrai que le fantassin, une fois un conflit entamé ne peut souvent compter que sur lui et le groupe. Il lui faut donc emporter le nécessaire pour l’hygiène, le linge de rechange, le nécessaire pour dormir et des rations pour 2 ou 3 jours avec les couverts, divers outils comme une pelle et autre.

Et j’oublie quoi soldats, hum ? Eh oui, le fusil et les munitions. Le fameux fusil Lebel 1886 modifié 1892 et sa baïonnette modèle 1886. Ceci explique les 30 à 35 kg avec lesquels vous devrez accomplir entre 30 et 70 km sur une journée quel que soit le climat, le relief !

Mais tout cela n’est rien si on ne met pas en avant la notion principale qui est mes chers soldats ?

La discipline !!

Extrait libre des instructions données à des Fantassins du 33ème par leur Lieutenant en 1913